Affaire Diamounou CONDE : Un témoin clé brise le silence

Le samedi 28 mars 2020 l’artiste chanteuse Diamounou CONDE et son staff ont été interpellés à madina dans la commune de Matam suite à sa présence dans une cérémonie de réjouissance, en bravant ainsi les mesures édictées pour combattre le coronavirus en Guinée. Selon une première source relayée par le site Guinée People, celle qu’on appelle affectivement la “benjamine” et son orchestre ont passé deux jours en garde à vue puis relaxés.

Ce jeudi 2 avril 2020, Alseny CONDÉ témoin et acteur de la scène du samedi 28 mars dernier a joint notre rédaction pour selon lui édifier sur les événements qui se sont déroulés ce jour. Ici son témoignage ;

Alsény Condé

« C’était samedi aux environs de 16h, on était en face de l’université catholique des États de l’Afrique de l’Ouest UCAO, nous avons perçu des gens qui rentraient en douce dans la cour de l’université , nous avons par la suite remarqué qu’ils y avaient des tentes et des chaises installées dans l’enceinte et nous avons directement pensé qu’il y avait un mariage qui se préparait sur les lieux. On a patienté quelque temps, histoire de voir si les gens allaient venir pour se rassurer qu’il s’agissait bien d’un mariage. À 17h , les invités commençaient à investir l’espace. C’est ainsi que l’appel a été effectué au niveau de la région spéciale de la ville de Conakry, la gendarmerie de dixinn qui par la suite a instruit le chef de quartier, le nommé Aboubacar CAMARA de venir les persuader d’arrêter tout. Quelques secondes après, nous avons remarqué le chef de quartier qui rentrait dans la cour de l’école. Je crois qu’il les a demandés d’arrêter. Nous avons vu le couple (mariés) sortir en premier dans la voiture et les griots qui le suivait. Mais, il y avait un petit avec nous qui a voulu filmer la scène , chose qui n’a pas plu aux griottes qui se sont directement jetées sur le petit. Elles l’ont insulté et cogné avec un caillou. Il s’est retrouvé avec une blessure au niveau du nez, le côté droit. Nous nous sommes levés pour intervenir et calmer les choses. Nous leur avons dit si le petit vous a filmé et vous n’avez pas aimé nous vous demandons pardon, ça ne se reproduira plus. Et vu que le petit était blessé, un gendarme qui était aussi présent a décidé de conduire le jeune blessé à l’hôpital parce qu’on sait que c’est une infraction de ne pas porter assistance à une personne en danger. En cours de route, le nommé Sidiki, le mari de Diamounou je crois, a donné un coup au gendarme qui l’a fait tomber. Des femmes sont venues en courant avec des cailloux et se sont mises à le lapider. Les jeunes du quartier sont intervenus pour les maintenir. Une unité de la gendarmerie était déjà en route. Quand elle est arrivée, ils les ont embarqués pour la gendarmerie, qu’on appelle communément ‘cinquième’ qui se trouve dans le quartier madina sur la route le Niger. Dans le lot, ils ont pu mettre main sur 8 personnes. Une des griottes nommée Angeline connue dans la musique populaire de chez nous et qui a gravement blessé le gendarme a quant à elle a pris la fuite et jusque-là introuvable. Le gendarme et le petit tous deux blessés ont été transportés à l’hôpital (CMC de coleah). Le gendarme qui a été blessé au visage est sorti de là avec quatre points de suture sur la tête et des plaies sur le corps ».

Pour la suite des événements, ce témoin explique que des délégations des griots de l’ancienne et de la nouvelle génération auraient mené une démarche de plaidoiries pour solliciter le pardon du gendarme qui aurait désisté pour toute poursuite judiciaire contre ses agresseurs.
Diamounou, son mari et une certaine Tady ainsi que son staff ont passé trois jours à la gendarmerie de madina. Le lundi 30 mars, ils ont été libérés après cette médiation. L’artiste aurait restitué les dépenses effectuées par le gendarme dans le cadre de son traitement médical.
« C’est le devoir de tout citoyen d’exposer ce genre de faits, car cette maladie n’épargne personne. J’attire l’attention sur le fait que ce mariage a été célébré dans une institution qui est L’UCAO (ex Sainte Marie coleah ) représentée dans sept pays africains et cela en sachant que le président de la République a pris un décret interdisant tout regroupement et tout évènement de ce genre pour lutter contre le Covid-19 » a-t-il conclu.

Miya