Violences Conjugales : Le témoignage bouleversant d’une femme…

Violences Conjugales : Le témoignage bouleversant d’une femme…

Les femmes violentées au foyer, c’est le pire des abus. Un crime vieux comme le monde, et l’un des moins connus parce que trop longtemps occulté par le poids des traditions et des préjugés mais aussi et surtout masqué par le silence des victimes et l’indifférence des autres (voisins, familles, ami(e)s)

Fatoumata (le prénom a été modifié) a contacté Guinée People suite à un appel à témoins au sujet de la vie de couple. Voici, avec son accord, son témoignage tel qu’elle nous l’a fait parvenir.

« Je souhaitais partager avec toutes les femmes du monde l’expérience que j’ai vécu avec mon conjoint. Je l’ai rencontré il y a presque douze ans maintenant via des connaissances.
Nous avons  ”LOVER” par texto, puis ”sexto” et très vite nous avons voulu zappé le côté virtuel.
Nous discutons et très souvent, on apprend à « se connaitre », puis fixons un premier rendez vous.
Dès le premier soir nous avons fait l’amour, c’était tellement beau, romantique et parfait.
Il s’est très vite attaché et a voulu s’engager plus sérieusement.
Avancée dans l’âge, je voulais et pensais être prête, je fonce et tête baissée…
La phase lune de miel ( magnioya ) a duré plus d’un an où nous faisions l’amour tous les jours voir plusieurs fois par jour. C’était le feu ! Notre vie sexuelle était torride et très mouvementée. Mais au bout d’un moment, la routine, les taches ménagère et quelques petits soucis de couple ont fait que j’ai commencé à être moins attirée et moins demandeuse et c’est là que je me suis rendue compte que ce n’était pas une option pour lui !
JE N’AVAIS PAS LE CHOIX finalement. Quand il me sollicitait constamment et si je ne cédais pas, pire encore si je refusais, cela virait au cauchemar, insultes, harcèlement…
Si la nuit, Mr n’avait pas eu « son du », il le récupérait le matin 5h, 6h peut importe mais il fallait toujours que je cède.
Au départ, vu qu’il était très « amoureux », je me persuadais qu’en me laissant faire, était une manière de lui rendre ce que je lui avait retiré.
Puis dès le lendemain, je me dis qu’il voudrait mieux le rassurer, concernant mes sentiments, ma fidélité et le respect de mes engagements, mais il fallait qu’il comprenne et apprenne à respecter mes envies à moi aussi. Malheureusement c’est devenu pire !
Ça commence à devenir une obsession. Il pouvait me harceler toute la journée et si je campais sur ma décision, il ne tardait pas à m’accuser de le tromper, connaitre un autre… de ne plus l’aimer, jusqu’à ce que je pleure, sanglote, que je culpabilise et me laisse faire. Son addiction pour le SEXE, sa jalousie et sa paranoïa a pris le dessus et s’est terminé en folie. Il surveille mes faits et gestes, mon téléphone, mes sorties. Je ne pouvais plus avoir d’amis, d’abord hommes, puis femme et ça, il a fini par m’interdire de sortir et voir ma famille.

Un jour lors d’une discussion suivie d’une dispute, il fini par devenir violent. Choquée, dégoûtée, terrorisée mais surtout défigurée, je suis partie chez mes parents quelques temps. Je l’aimais, il a fallu peu, mes parent n’ont eu de mal à me convaincre. Je suis revenue et étrangement, il avait « changer ». Je retrouve mon amour, mon amant, l’homme que j’aime. Une semaine après, dès la tombée de la nuit, je devais me tenir prête à son signal : “n’radjo bila”( j’ai besoin de toi ). Quasiment tous les soirs, tous les matins, je devais tout arrêter et aller m’étaler, m’allonger comme un robot, un corps sans vie. Je n’éprouvais plus aucun plaisir, plus de goût. C’était de l’angoisse. Je le laissais faire pour avoir la paix et éviter les coups. Je lui exprimais tous les jours ma souffrance, mais je devais « la fermer » me disait ses grosses gifles. Vivre comme ça, de ne plus me sentir maîtresse de mon corps était un calvaire.

Alhamdulillah, délivrance, je suis enceinte, il me laissera un peu tranquille maintenant! Un autre choque, il m’abandonne et m’oublie complètement pendant les 9 mois. J’ai pensé que je le dégoûtais ou ne l’excitais plus vraiment physiquement. Je surmonte cette période très éprouvante et fatigante. J’accouche enfin. J’appréhende beaucoup, entre la grossesse, la fatigue, l’accouchement, le choque et la douleur sont toujours présents. Quelques jours après mon accouchement, à ma grande surprise il a recommencé et s’est servi de ma bouche pour se satisfaire. Le reste n’était pas encore « en place », mais il était tellement excité par mes seins encore plus gros qu’il fini tranquillement en se vidant dans ma bouche (première fois depuis le début de notre histoire et une première pour moi ). J’ai fini par craquer et je me suis plaint au bout de plusieurs mois de souffrances. Mais très vite, tout le monde s’empresse de me rappeler que « je lui appartient », « tu n’a pas le droit de refuser » « tu es folle, c’est ton mari » « tu n’es pas une bonne femme », « tu nous fais honte » et j’en passe. J’y suis obligée, je suis donc revenue âpres deux semaines d’absence et de harcèlements.

L’accueil royal était au rendez-vous, mais je m’attend au pire. Pour lui faire comprendre que ça ne pouvait plus durer, j’ai fini par refuser tout contact. Il a donc fait le choix de se servir de mon corps durant mon sommeil. Attouchements, pénétration avec ses doigts, masturbation contre mes fesses. J’ai tenu six mois. Six mois de nuits blanches et d’angoisse avant de quitter notre lit. Je lui ai supplié d’arrêter, je lui ai expliqué encore et encore le mal qu’il me faisait, que je l’aimais mais qu’il me faisait peur. Lui me répondait « …que je n’avais qu’a le castrer. » Un beau jour, il a essayé de me sodomiser et alors que je lui criais NON, il entendait que OUI
La colère que j’éprouve contre lui à ce moment là est tellement intense que j’en avais des idées noires.
En colère contre lui mais aussi contre moi, de m’être laissée faire au point qu’il ne se préoccupe même plus de mon consentement, me résumant au rôle de poupée.
Je décide de PARTIR et cette fois ci DÉFINITIVEMENT ! Il devient fou et me bat alors que j’avais notre enfant dans les bras, il me bat mais pas comme d’habitude, cette fois il a failli me TUER.
Tout le quartier intervient, les voisins nous conduisent mon bébé et moi à l’hôpital le plus proche.
J’avais tellement mal au point que je ne me suis pas rendu compte, mon bébé ne dormais pas, IL EN EST MORT !
Ce malade a tué notre enfant, je suis dévastée !
Après ma convalescence, j’ai pris la plus importante décision de ma vie.
Je me suis pardonnée et j’ai pardonnée à toute ma famille, ainsi que ma belle famille.
J’ai repris goût à la vie et bannie toutes les pensées arriérées de mon ethnie « Les Diakhankés ».
Aujourd’hui, mon but est de me battre pour retrouver mon intégrité et aider toutes les femmes qui, un jour sont passées ou passeront par là.

Osez, BRISEZ LE SILENCE !

Merci de m’avoir lu.

 

Khady Touré

 

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